Durant toute l’année 2022, je me suis régulièrement trouvée en contact de femmes entrepreneures qui, dès qu’elles apprenaient que j’avais fait toute ma carrière dans l’informatique, notamment le web, ouvraient grands les yeux de surprise et me lançaient spontanément, sans réfléchir :
« Oh moi je suis une quiche en informatique, je n’y comprends rien ! ».
Cela m’a interpelée : nous sommes en 2023, j’ai fait des études d’ingénieur dans les années 80 et là oui, les femmes étaient largement minoritaires dans les études techniques. Mais je pensais sincèrement que cela avait largement évolué depuis. Et que la technique n’était plus un frein en tant que tel
Je me suis donc lancée dans une petite série d’interviews auprès des membres de LinkedIn, et j’ai effectué quelques recherches. Attention, je ne suis pas devenue sociologue, loin de là !
En voulant protéger nos enfants, nous les influençons par notre prisme du genre
Les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants, garçons ou filles. Nous les éduquons avec nos propres prismes et inconsciemment reproduisant un schéma genré de l’éducation.
Si je reprends mon cas : j’ai trouvé très difficile de faire des études scientifiques dans un monde masculin. Comme j’avais de bonnes notes en maths, j’étais catégorisée par mes amis comme pas marrante ni féminine. Ce fut dévastateur lors de l’adolescence. Et en me dirigeant dans la filière technique, avec 8 filles pour 30 garçons, cela ne s’est pas arrangé. Etre dans la filière technique signifiait être un garçon manqué, et une fille moche. J’ai donc conservé inconsciemment l’idée que faire des études techniques était potentiellement mettre en « difficulté » mes filles.
J’ai par contre encouragé mes filles dans tous les domaines qui soient : artistiques, littéraires, techniques pour qu’elles puissent faire leur choix.
Par contre, il faut bien avouer qu’en tant que parents, nous avons profondément ancré en nous une éducation genrée, qui a un impact sur les enfants.
« Le pire a été l’abandon de toute matière scientifique au lycée dans certaines filières, celles où s’orientent majoritairement les filles ».
Pourquoi adulte, gardons-nous cette image d’incapacité, teintée d'un soupçon de honte
Et là je distinguerai 3 grandes catégories de comportement
1. La quiche qui a honte et n’ose pas trop le clamer 😰
Ce comportement pour moi est dangereux car il entraîne une très grande vulnérabilité et amène à prendre des décisions totalement irrationnelles. Ces femmes ont des risques de se faire embobiner. Je vous rassure, cela arrive aussi aux hommes 😅
N’osant pas poser des questions, elles font confiance à des commerciaux qui ont toutes les ficelles du métier, sortent des mots incompréhensibles mais qui font pro, et comme elles se disent qu’elles n’ont pas d’autres choix que de déléguer, elles font confiance.
Si le résultat n’est pas à la clé, ce n’est alors que la confirmation qu’elles sont des quiches, et cela génère un cercle vicieux.
2. La quiche qui décide d’apprendre 🧐
Au démarrage de leur apprentissage, ces femmes sont timides, n’osent pas de peur d’être jugées. Par contre, au fur et à mesure qu’elles comprennent que ce n’est pas si compliqué que cela, qu’elles ont toutes les capacités, elles déploient leurs ailes.
Elles osent après tester, poser les questions, et écouter leur instinct.
Une chose est sûre : une fois qu’elles n’ont plus peur du jugement, tout se passe beaucoup mieux !
3. La quiche qui s’assume voire qui s’en amuse 🤩 🥳
Cette femme sait exactement ce qu’elle veut. Elle a compris que maîtriser le concept du marketing digital est indispensable pour son business. Elle en connaît la logique car elle s’y intéresse, a un mindset de leader qui s’assume.
Donc elle délègue sans aucun problème, mais sait exactement énoncer ce qu’elle veut. Si les résultats ne sont pas là, elle cherche quelqu’un d’autre. Elle ne se dévalue pas pour autant, ses pôles d’excellence sont ailleurs et c’est très bien ainsi.
C’est le cas de femmes que j’admire comme Edith Lassiat, Biba Pédron.
Quel est le point de vue des hommes
Le point de vue des hommes que j’ai interrogés est très intéressant car pour certains, ils ne pensaient même pas qu’il y ait une telle différente de perception.
Pour ceux qui reconnaissent ne pas connaître la technique, voire ne pas s’y intéresser du tout, ils vont simplement rechercher les compétences ailleurs et poser les questions. Pas de honte cachée, en tout cas, beaucoup mois que les femmes.
Petite anecdote qui donne une autre dimension : ne serait-ce pas aussi un retard dans la prise de conscience en France de l’écart entre hommes et femmes dans le domaine technique. Au Maroc, Michel Berry m’a raconté qu’il y avait de nombreuses femmes dans les filières techniques, dans une proportion bien supérieure aux filières en France.
Avec la nouvelle génération, cela ne se ressentira plus
Effectivement, la société évolue, nous sommes de plus en plus sensibilisés aux conditionnements genrés que nous avons tous inconsciemment dans notre comportement.
Et aujourd’hui, femmes et hommes sont tout aussi à l’aise sur les réseaux sociaux, donc pas de souci.
Mais, utiliser les réseaux sociaux pour s’amuser, ce n’est pas la même chose que maîtriser une vraie stratégie digitale dans laquelle il ne faut pas avoir peur de se montrer, de se mettre en avant.
« Encore aujourd’hui, une femme a plus de mal à casser le plafond de verre de la visibilité qu’un homme. Elle se freine elle-même, pas besoin des autres. On pourrait presque parler d’auto-sabotage ».
Une tendance que j’ai remarquée néanmoins : les femmes qui prennent en main leur leadership assument plus leur féminité qu’avant. Elles mettent en place un management différent, à leur image.
Cette analyse vous semble simpliste ?
Sûrement, car je ne suis pas sociologue et que le sujet mériterait des entretiens approfondis selon la méthodologie précise utilisée par les sociologues permettant de poser les questions précises et y répondre. Mon panel d’interviews était limité, mais en recoupant avec certains articles dont un de du collectif de femmes Vives (https://www.vivesmedia.fr/), mes propres observations se confirment. Je vous renvoie à l’article sur « Les filles aussi ont la bosse des maths »
J'adore les quiches, car aucune ne se ressemble
Personnellement, je cuisine régulièrement des quiches et elles ne sont jamais les mêmes. Cela devient même un jeu d’une grande créativité et de partage culinaire.
Alors moi j’affirme haut et fort que j’adore les quiches. Une quiche s’améliore toujours pour acquérir subtilité, magie, unicité. Et à la fin, c’est un vrai chef d’oeuvre. Donc assumons de passer par la case « quiche » dans quelque domaine que ce soit, et étant intimement persuadée que si VOUS le décidez, si VOUS en avez besoin, VOUS aurez toutes les capacités pour apprendre et maîtriser.
Ma mission avec iZaora : la transmission vers l'autonomie.
Durant toute ma carrière, quelque soit les virages, les multiples facettes de la vie, je me suis rendue compte que j’adorais transmettre, et faire comprendre même des concepts difficiles, en des termes simples.
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. » Boileau.
Et j’ai toujours trouvé qu’un bon enseignant est celui qui sait reformuler lorsqu’il se rend compte qu’il n’est pas compris par son auditoire.
C’est ce que je fais aujourd’hui pour mettre à la portée de tous la notion du marketing digital et ensuite, les outils correspondant. Et je me rends compte qu’en procédant ainsi, les personnes se sentent plus à l’aise et commencent à se projeter dans la dimension du possible.
Remerciement
Cet article n’est qu’une synthèse et mériterait un approfondissement et ne reflète pas tous les échanges que j’ai pu avoir avec tous ceux qui ont pris du temps pour me répondre. !
Merci à Caroline Gathrot Armbruster, Xavier Zakoian, Meriem RIDE développe le potentiel des Leaders 🚀, Michel Berry, Linda Hellal, Dina Fawaz, Elisa, Claire Baritaud et à ceux que j’aurai pu oublier et auprès de qui je présente mes excuses !
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